Editorial 2018

By jac_TN2018 on 3 mars 2018 in blog
0

Transnumériques 2018

Une plate-forme de rencontre et de visibilité
pour les arts & cultures numériques différenciés

Après Bruxelles, Mons, Liège, Maubeuge, Lille, Paris… les Transnumériques se déploient, pour la première fois, à Louvain-la-Neuve à la faveur d’un partenariat fort avec l’UCL Culture (en conjonction avec la thématique des Mondes numériques choisie par l’Université Catholique de Louvain pour l’année académique 2017-2018), le Musée L ouvert récemment et d’autres opérateurs dynamiques qui rejoignent notre volonté d’ouverture, de stimulation tant des imaginaires que des réalisations concrètes, avec un trait d’union entre création et réflexion.

Initié en 2005 par Transcultures, Centre des cultures numériques et sonores rayonnant en Wallonie-Bruxelles et à l’international, cette manifestation festivalière, fédératrice et itinérante, dédiée à la diversité des écritures (au sens large et dans une vision résolument transversale) et des émergences[1] créatives numériques, évolue aussi à la faveur des mutations arts/technologies/société. Tout en rappelant, le cas échéant, les ferments transdisciplinaires historiques des art (post)numériques, il s’agit ici de privilégier des projets –aboutis ou en évolution- qui offrent, outre des stimulations perceptives, un regard poétique, décalé, engagé… plutôt que des produits formatés pour les industries techno culturels ou de l’hyperspectacle à l’innovation auto proclamée dont le numérique est trop souvent un instrument complaisant.

En effet, les pratiques – y compris artistiques- numériques n’échappent pas à la « startupisation de la culture » qui s’inscrit dans la « silocolonisation du monde »[2]. A la propagande globalisée de l’innovation, répondent les propositions/réappropriations artistico-subversives du collectif DISNOVATION.ORG. A la standardisation des œuvres numériques « papier peint », s’opposent celles qui composent un insolite Cabinet de curiosités numériques, l’autre volet de l’exposition Ecritures numériques présentée au Musée L qui regroupent une vingtaine de pièces singulières d’artistes belges et internationaux.

Transnumériques propose parallèlement des performances hybrides détournant « vieux » et « nouveaux » médias, un parcours géolocatif (RHIZOMatics@LLN qui donne une autre lecture littéraire et sonore de la ville), lance un cycle de workshops (Creamakers) et de conférences à Point Culture (Penser les cultures numériques trop souvent impensés par manque de recul) qui se poursuivront également dans les mois suivant à Louvain-la-Neuve, car nous sommes persuadés que « makers » et « thinkers » doivent encore mieux se connaître et collaborer pour faire sens et opposition (virale) à la dictature de l’entertainment et du vide (in)communiquant. La biennale s’associe aussi au Printemps des sciences qui favorise aussi les traits d’union entre recherche et création numérique, une journée d’étude interdisciplinaire autour des notions de disnovation et de l’hacktivisme à l’UCL, ainsi qu’au Mundaneum (centre d’archives proto Internet et d’expositions temporaires à Mons) qui propose une série de présentations et d’ateliers – Mundaneum Factories & (Open) Tokenomics, replaçant le contrat monétaire au cœur de l’organisation sociale et au point de départ d’un Net de la fabrication.

Ces événements sont autant de zones franches pour les « singularités plurielles » que sont ces artistes/concepteurs/chercheurs d’un futur immédiat qui a opté pour l’altérité plutôt que pour la conformité, ainsi que pour les fulgurances/convergences/divergences créatives/réflexives qui remettent en perspective les mutations/disruptions qui nous secouent.

La possibilité d’une (autre) île… à construire, celles des imaginaires connectés intégrant des technologies non du contrôle mais du partage.

Philippe Franck, directeur artistique

 

[1] Transcultures travaille, à l’année, sur un programme de workshops/rencontres/accompagnements technologiques « Emergences numériques & sonores » en partenariat avec plusieurs écoles d’art et universités belges et étrangères.
[2] Eric Sadin, La silicolonisation du monde : l’irrésistible expansion du libéralisme numérique, L’échappée, 2016.