Emergences Transnumériques par Colin Deproft

Emergences Transnumériques par Colin Deproft

Cet article fait partie d’une série de textes réalisés par des étudiants de l’ESA Saint-Luc, dans le cadre des cours donnés par Philippe Franck, directeur des Transnumériques.

Visite de l’exposition Emergences numériques, une série d’œuvres hybrides présentées au sein d’une grande expérience interactive dans le cadre du festival Transnumériques à Mons.

Tel un têtard émergeant d’une mare, c’est une nouvelle réalité qui se présente à nous par le biais des émergences numériques. La fusion corps-esprit-perception qui nous constitue se voit décomposée, et chacun de ces éléments se retrouve à tour de rôle sollicité dans diverses créations qui ne manquent pas d’originalité.

Dès l’entrée, on peut apercevoir un photomaton d’allure ordinaire, mais qui en réalité se trouve être le « phAUTOmaton », une création du français Philippe Boisnard. Avant d’être photographié, le sujet doit écrire un texte, qui constituera l’image une fois la photo prise. Il en résulte une communauté de visages, unis par les pensées qui les forment.

Nous entrons dans la première salle. On aperçoit immédiatement le grand « GIFWall », un projet d’exposition itinérant de Jacques Urbanska produit par Transcultures, qui présente une grande fresque en GIF du turc Haydiroket.

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GifWall

En regardant derrière sois, on remarque que d’autres GIFs sont projetés sur les murs. Une compilation remixée en temps réel de plus de 2000 œuvres du belge Jacques Urbanska destinées au Web, allant du simple outil au moteur de recherche.

Un peu plus loin se trouve un objet bien étrange, le « Kaleidoscope ». Un faisceau s’en échappe. Cette création de la jeune Lituanienne Eglé Vismantaite qui sculpte la lumière, représente une hybridation entre le spatial et le numérique en offrant un autre regard sur la vidéo.

Un bruit incessant se fait entendre depuis notre arrivée, et il s’intensifie à mesure que l’on progresse. C’est le son de centaines de verres dichroïques et de miroirs éparpillés au sol qui, sous l’effet de mécanismes simples, entrent en collision. Le tout est éclairé par des LEDs rasants.

C’est l’installation « Lighthouses – in conversation » d’Alice Jarry et de Vincent Evrard, un agencement qui se veut à moitié humain, laissant place à l’imprévu, afin que la diffraction présente soit abordée comme un processus collaboratif.

Dans l’arête qui mène à la suite de l’exposition, il est difficile de ne pas faire attention au « Linar », créé par le trio Rémi Amiot, Coline Dupuis et Delphine Van Laere. Une sorte de lanterne à sept faces hyper-diffractantes renfermant un mécanisme qui émet de la lumière par intermittence. Son but est d’interroger les conditions d’apparition d’une réalité vivante et mécanique en sondant l’espace et en disséquant le temps.

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ligthouse

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Linar

Nous arrivons dans un couloir donnant accès à plusieurs salles.La première renferme « Chœur(s) – machine à présences poétiques », dispositif multiple imaginé par Simon Dumas, qui regroupe des écrans sur lesquels neuf poètes belges et québécois, tournés vers le visiteur, récitent de la poésie en chœur, chacun étant accompagné d’un artiste audio.

De la salle suivante s’échappe un son inhabituel. C’est celui d’une cuve en acier inoxydable remplie d’eau, qui vibre en fonction des mouvements du visiteur. Lorsque l’on regarde dedans, on se voit arriver devant la cuve, dans une sorte de ralenti. C’est parce que l’image enregistrée du spectateur est projetée sur deux cônes tronqués placés de telle sorte que l’un élargit l’image et la vision tandis que l’autre les réduit. « Le miroir de la mémoire » de Vincent Paesmans et Alexander Ketele, est sans doute l’installation la plus troublante de cette exposition, car le spectateur se voit plongé dans une réalité diffuse, dans laquelle il ne peut que constater la malléabilité de la perception.

Colin Deproft