Les Transnumériques #3,
une plate-forme festivalière pour les pratiques émergences

 

      Après un lancement réussi fin septembre en région parisienne qui a réuni 8 lieux culturels et des publics variés, les Transnumériques, initié par Transcultures, poursuivent leur périple en Communauté Wallonie-Bruxelles, là où ils sont nés entre Bruxelles et Mons en automne 2005. Un festival pour les émergences numériques (notion parfois vague et galvaudée qui rime souvent avec urgence, l’urgence d’exprimer une différence dans la globalisation des perceptions et de la communiquer en dehors des autoroutes de l’information à sens unique) qui s’appuie sur une plateforme transfrontalière à géométrie variable réunissant des opérateurs culturels, des laboratoires universitaires, des associations et des institutions qui acceptent volontiers ces « débordements » électroniques intempestifs. Ces traits d’union sont le ferment d’une manifestation corsaire qui actionne un circuit entre des balises, des lieux réels/virtuels, des pratiques, des créateurs , des communautés et des spectateurs engagés.

      Au-delà des « archipels numériques », nous voyageons à travers la vaste galaxie des cultures électroniques qui n’oublient pas leurs héritages métissés et s’inscrivent dans une histoire, certes non linéaire, d’un art aventureux qui n’aurait jamais boudé la technologie.  Cette édition propose, outre la découverte de talents en devenir, un focus sur le « Québec numérique » qui s’insère dans une série d’échanges transatlantiques  entre Transcultures et des opérateurs québécois de qualité internationale (SAT, Elektra, Rhizome,…). Là encore, nous avons opté pour  concevoir une manifestation festivalière résultant d’un travail de développement et de maillage à l’année qui entend , outre donner une certaine visibilité à des initiatives innovantes, faire aussi émulation à plus long terme ; c’est aussi l’objectif de ces Transnumériques qui à la politique du repli ambiante opposent une volonté fédératrice et s’inscrivent dans une certaine « culture de l’échange ».

      A Mons où Transcultures développe, en collaboration avec ses partenaires locaux, un nouveau projet de centre interdisciplinaire des cultures électroniques et sonores, les Transnumériques réunissent, du 6 au 10 novembre, deux lieux récents  le Frigo (espace polyvalent sur le site des Abattoirs) investi  de plus en plus régulièrement par Transcultures et le mixomedia (galerie dédiée à la « culture underground ») mais aussi la médiathèque et le Théâtre Royal. La programmation mêle des présentations de nouveaux projets (« démo party »), de festivals  et structures invités à des performances audio-visuelles, des sets live  ou dj et des installations numériques de jeunes artistes. En ce début de XXIeme siècle  en transit, à la fois segmenté et dé/ connecté, il nous semble plus que jamais important de réunir les dimensions prospectives et festives trop souvent dissociées. C’est ainsi qu’à Mons, une sélection d’ e-djs régionaux  prendra le relais noctambule au Mixomedia des performances, projections, conférences et présentations de projets internationaux au Frigo.

      A Bruxelles, nous proposons avec  La Bellone, du 1er au 5 décembre, des performances et projections de collectifs « indisciplinaires » (Le laboratoire mobile, METAmorphoZ, Rhizome) et artistes énergiquement  frondeurs (Antoine Defoort, Lucille Calmelle…) qui mettent en question la question de l’écriture et de la scène à l’ère digitale avec là aussi une trans party colorée en guise d’épilogue hédoniste. Le 6 décembre, à  l’ISELP, ce sont les images numériques qui sont à l’honneur  avec une sélection du festival Elektra, des audio-vidéos proposés par 68 Septante (+ conférences) que l’on retrouve aussi couronné de sets AV au Palais des Beaux Arts de Lille le 13 décembre pour une soirée Bruxelles-Montréal en final de cette troisième édition d’un festival-réseau qui communique sa singulière et multiple « transidenté » comme une invitation publique à une saine insolence.


Philippe Franck, directeur artistique