Lancé à l’automne 2005 à Ixelles et à Mons
par l’association Transcultures, les Transnumériques se situent
à l’intersection des pratiques artistiques contemporaines et d’une
utilisation créative des technologies numériques. Il s’agit
également de croiser les enjeux attenant à la création
et à la formation des arts numériques. Nombre d’artistes
sont à la recherche de compétences et de solutions techniques
adaptées à la spécificité de leurs projets, mais
aussi d’accompagnement critique, de soutien et de suivi de production.
C’est ce que met en lumière le festival qui réunit des partenaires
issus tant du domaine des arts vivants, des arts médiatico-visuels que
de l’éducation supérieure et de la formation permanente.
Pour Transcultures et ses partenaires, il semble plus que jamais essentiel,
à l’ère de la société de l’hypercommunication
neutralisante et de la fragmentation des identités, de réunir,
de relier de manière motivée et motivante, de traquer les similarités
et les complémentarités. Parallèlement, il faut identifier
les différences et les spécificités des pratiques, des
projets, des savoirs-faire, des interrogations, des engagements, des visions
et des utopies. Qu’en est-il de ces arts numériques dans leurs
diversités et leurs lignes de fuite ? En quoi sont-ils ou non porteurs
de changement ? Comment inventer d’autres modes de production, de diffusion
et de perception adaptés à ces oeuvres turbulentes, insolentes,
«en dé/construction» ? Quelle(s) relation(s) s’instaure(nt)
avec le spectateur ? Au-delà de la création artistique médiatique,
quelles seraient les caractéristiques d’une «culture numérique»
(ou plus justement DES «cultures électroniques») ? Quel serait,
à l’ère de l’Internet 2.0, le «logos»
de cette «tekné» englobant dans une même perspective,
comme le faisaient déjà les Grecs, les notions d’art et
de technique. Les artistes nous aident, parfois intuitivement, de manière
ludique, poétique, provocatrice... à être directement en
contact avec ces mutations. Les Transnumériques leur offrent une plate-forme
ouverte, évolutive, instable, mais résistante... à l’image
de leurs projets; un festival de créations en mouvement qui «va
vers son risque». Installations, performances, concerts,... Ces notions
s’avèrent souvent trop «limitatives» pour des oeuvres
multiples qui dialoguent avec l’espace (réel/virtuel) et le temps
(non linéaire) sans négliger la place du visiteur de plus en plus
sollicité. Pour sa deuxième édition, Les Transnumériques
étendent, dynamisées par l’enthousiasme des partenaires,
leur réseau et relient 6 villes. De nombreuses institutions et associations
sont impliquées à terme dans cette grande transaventure qui, à
l’instar de ses protagonistes, se joue des frontières : Bruxelles,
Mons (installations et Labotronix festif à la Maison Folie/lemanège.mons,
ateliers au Centre des Ecritures Contemporaines et Numériques), Liège
(30 ans de Vidéographie au Palais des Congrès et au MAMAC), mais
aussi Maubeuge (installations et performances à destination du jeune
public au Théâtre Le Manège), Lille (les Happy Days du Palais
des Beaux-Arts) et Paris (Centre Wallonie-Bruxelles associé, cette année,
aux Rencontres internationales Paris-Berlin et à la Francophonie métissée).
Ces collaborations, co-productions, co-présentations, co-gitations...
permettent aux artistes de présenter les différentes facettes
de leurs imaginaires qui empruntent divers médiums. Les Transnumériques
se veulent défricheurs ; ils donnent la parole, l’espace et la
visibilité aux jeunes artistes (avec la participation des écoles
d’art de Bruxelles/La Cambre, de Mons/ESAPV, de Liège/Académie
et l’implication d’établissements allemands, français
et luxembourgeois aux «Emergences numériques») et aux inter-trans-multi-artistes
con? rmés, principalement, de la Communauté Wallonie-Bruxelles
et de ses voisins. Il faut, enfin, rappeler les filiations, les fulgurances
et les rapports transhistoriques (du vidéo art à la vidéo
numérique, trait d’union que trace Vidéographie à
Liège, des œuvres-clés de grands maîtres de l’avant-garde
cinématographique à Ixelles, les rapports entre musique spectrale
et la jeune scène électronique roumaine à Paris,...), mémoire
vivante et éclairante sur les lignes de fuite contemporaines. A la croisée
de ces flux, il y a des étoiles filantes qui enchantent et questionnent
nos futurs immédiats. Les Transnumériques vous invitent à
les découvrir !
Philippe Franck, directeur artistique